Note de synthèse

La cognition sociale influence-t-elle la santé sociale?

February 20, 2024
Danielle Thomas, Jocelle Refol, Adam Frost, Kiffer Card

Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.

Les relations sociales sont essentielles au bien-être humain, offrant des bénéfices significatifs à la fois pour les interactions avec des proches et avec des connaissances occasionnelles. Cependant, ces relations impliquent des coûts, notamment en termes de temps, d’énergie et de contraintes sur l’autonomie personnelle. Les cognitions sociales, c’est-à-dire la façon dont nous percevons et interprétons les comportements et intentions des autres, jouent un rôle crucial dans la gestion de ces relations. Toutefois, des biais cognitifs négatifs, souvent qualifiés de « mal adaptatifs », peuvent limiter notre capacité à établir et maintenir des connexions sociales saines, contribuant à la solitude et à l’anxiété sociale.

Des études montrent que les individus sous-estiment souvent les avantages des interactions sociales et surestiment les risques ou le coût perçu de ces interactions. Par exemple, beaucoup évitent d’initier des conversations ou de demander de l’aide, craignant des situations gênantes ou le rejet. Ces biais sont amplifiés chez les personnes socialement anxieuses ou solitaires, qui sont plus susceptibles de mal interpréter les intentions des autres et d’éviter les interactions sociales. En conséquence, ces individus se retrouvent souvent dans un cycle auto-entretenu, où l’évitement social renforce leurs croyances négatives, réduisant encore leurs opportunités de connexion sociale.

Pourtant, des efforts intentionnels pour surmonter ces biais et s’engager socialement peuvent inverser cette dynamique. Les recherches révèlent que des comportements tels que l’optimisme réaliste, la prise de risques sociaux calculés et des stratégies d’adaptation active (comme l’initiation d’interactions positives) peuvent améliorer la qualité des relations sociales et le bien-être. Les interventions basées sur les thérapies cognitivo-comportementales se sont révélées particulièrement efficaces pour aider les individus à surmonter leurs craintes sociales et leurs pensées négatives. De plus, il est démontré que même des efforts modestes pour se connecter avec les autres, comme exprimer de la gratitude ou engager des conversations significatives, peuvent entraîner des améliorations substantielles du bien-être.

Les analyses de l’Enquête canadienne sur la connexion sociale appuient ces conclusions. Elles montrent que les efforts investis pour se connecter socialement sont associés à des niveaux plus faibles de solitude, même chez les individus ayant une anxiété sociale ou une exposition accrue à la discrimination. L’estime de soi et une anxiété sociale plus faible sont identifiées comme des prédicteurs clés de ces efforts, ce qui renforce l’importance de travailler sur les croyances personnelles pour encourager des comportements sociaux positifs.

En conclusion, bien que les biais cognitifs négatifs liés aux relations sociales soient naturels, ils peuvent être surmontés par des interventions ciblées et des efforts individuels. Les stratégies visant à renforcer la confiance en soi, à gérer les pensées négatives et à encourager l’engagement social actif peuvent améliorer considérablement le bien-être. Pour les individus confrontés à des obstacles sociaux plus importants, un soutien clinique peut s’avérer nécessaire. Il est essentiel de poursuivre les recherches sur les interventions efficaces, en particulier pour ceux qui ont des besoins sociaux élevés. Promouvoir une compréhension des bénéfices des connexions sociales à l’échelle individuelle et collective contribuera à améliorer la santé sociale et le bien-être global.