Note de synthèse
Est-il bénéfique pour les gens de vivre seuls?
February 9, 2023
Kiffer Card, Cindy Yu, Jocelle Refol, Adam Frost, Pete Bombaci
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
Entre 1981 et 2016, le nombre de Canadiens vivant seuls a considérablement augmenté, passant de 1,7 million (9 %) à 4 millions (14 %). Bien que cette tendance puisse accroître le risque de solitude et d’isolement social, vivre seul n’entraîne pas toujours des conséquences négatives. Certaines personnes trouvent même que ce mode de vie favorise leur autonomie et leur bien-être, les incitant à développer des relations intentionnelles à l’extérieur de leur foyer pour contrer la solitude. Cette synthèse vise à examiner si vivre seul est réellement associé à une santé et un bien-être subjectif inférieurs.
Les recherches montrent que vivre seul est associé à un risque accru de mortalité, notamment chez les hommes (+39 %) et, dans une moindre mesure, chez les femmes (+15 %). Vivre seul est également lié à une augmentation des troubles psychiatriques, de la dépression, des idées suicidaires, ainsi qu’à des taux plus élevés de démence et de conditions chroniques. Ces effets négatifs s’expliquent par des mécanismes complexes : un accès réduit aux soins, des comportements d’adaptation malsains, le stress de la solitude et des contraintes financières des ménages à revenu unique. Par ailleurs, la stigmatisation sociale liée au fait de vivre seul peut exacerber ces effets négatifs. Cependant, la cohabitation ne garantit pas toujours de meilleurs résultats en matière de santé, surtout dans des contextes de surpopulation ou de relations interpersonnelles tendues.
Les données de l’Enquête canadienne sur la connexion sociale (2021) confirment que vivre seul est associé à une augmentation de l’anxiété (GAD-2 : β = 0,36), de la dépression (PHQ-2 : β = 0,45) et à une diminution de la satisfaction de vie (β = -0,49) et du bonheur subjectif (β = -0,46). Ces effets sont amplifiés chez les individus souffrant d’anxiété sociale, bien que même pour ce groupe, vivre avec d’autres semble légèrement plus bénéfique. En 2022, la même enquête a révélé que la satisfaction par rapport à sa situation de logement influence fortement le bien-être : les personnes insatisfaites de leur condition de vie, qu’elles vivent seules ou avec d’autres, rapportent des niveaux plus faibles de satisfaction de vie et des scores d’anxiété et de dépression plus élevés.
Malgré les preuves suggérant que vivre seul nuit à la santé, les mécanismes précis de cette association restent mal compris. Il est difficile de déterminer si vivre seul cause des problèmes de santé ou si des individus déjà vulnérables sont plus susceptibles de vivre seuls. Par exemple, des facteurs comme le partage des revenus et les raisons du passage à la vie en solo (divorce, deuil) compliquent l’interprétation des données longitudinales.
En conclusion, bien que des politiques favorisant la cohabitation puissent bénéficier à certains, il est crucial de respecter les besoins et préférences individuels. Les personnes vivant seules devraient être informées des risques potentiels associés à ce mode de vie et encouragées à adopter des stratégies pour atténuer les effets négatifs. Parallèlement, des services et programmes doivent être mis en place pour soutenir tant ceux qui cohabitent que ceux qui vivent seuls, afin de promouvoir leur bien-être et leur santé globale.