Note de synthèse
Comment peut-on faire face à la solitude ?
January 27, 2024
Rachel Hamilton, Yeeun Archer Lee, Adam Frost, Kiffer Card
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
La solitude, définie comme une sensation de détresse liée à des besoins sociaux non comblés, touche environ 40 % des Canadiens selon un sondage récent. Bien qu’elle soit une réponse émotionnelle naturelle destinée à motiver les connexions sociales, la solitude chronique peut engendrer des impacts graves sur la santé mentale et physique, tels que la dépression, des troubles cognitifs, et même une mortalité prématurée. Afin d’atténuer ces effets, il est essentiel de comprendre les stratégies personnelles que les individus peuvent adopter pour mieux gérer cette expérience.
Les recherches montrent que la solitude chronique conduit souvent à des schémas cognitifs et comportementaux négatifs, tels que la vigilance sociale excessive et des attentes pessimistes quant aux interactions sociales. Ces pensées négatives incitent les personnes à se replier sur elles-mêmes et à adopter des stratégies d’évitement, ce qui renforce leur isolement. Par exemple, les individus peuvent se concentrer davantage sur leurs propres émotions et comportements, interpréter les signaux sociaux de manière négative (comme percevoir un manque de sourire comme un rejet), ou se souvenir plus fréquemment des interactions sociales désagréables que des positives. Ces schémas, combinés à des comportements passifs tels que le retrait social ou la rumination, forment un cycle vicieux qui perpétue la solitude.
Pour briser ce cycle, des interventions fondées sur des données probantes ont été développées, ciblant à la fois les schémas cognitifs et les comportements associés à la solitude. Parmi ces approches, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) s’est avérée efficace pour identifier et corriger les pensées négatives automatiques. En aidant les individus à remettre en question leurs hypothèses erronées sur les interactions sociales, la TCC permet de développer une perspective plus réaliste et positive. Par ailleurs, les programmes de pleine conscience encouragent les personnes à reconnaître et accepter leurs émotions liées à la solitude sans jugement, facilitant ainsi une régulation émotionnelle et une approche plus sereine des interactions sociales.
Sur le plan comportemental, l’activation comportementale (AC) vise à accroître les interactions sociales positives et à améliorer la qualité des relations existantes. En fixant des objectifs concrets et en identifiant les obstacles à la socialisation (par exemple, manque de temps ou d’opportunités), les individus peuvent développer des stratégies personnalisées pour renforcer leurs connexions sociales. De plus, l’encouragement des comportements prosociaux, tels que les actes de gentillesse ou le bénévolat, a démontré des effets bénéfiques en réduisant l’attention excessive portée à soi-même et en favorisant des interactions sociales positives.
L’analyse qualitative des données de l’Enquête canadienne sur la connexion sociale a révélé une diversité de stratégies personnelles pour faire face à la solitude, allant des réponses émotionnelles (par exemple, accepter ou rationaliser la solitude) à des comportements actifs comme la planification d’activités sociales ou la recherche de soutien auprès d’amis, de proches, de thérapeutes ou de groupes d’entraide. Les interactions avec des animaux de compagnie et l’engagement dans des pratiques spirituelles ou de pleine conscience ont également été identifiés comme des sources de réconfort.
Quant aux analyses quantitatives, elles ont montré que des stratégies actives, telles que chercher du soutien émotionnel et s’engager dans des activités sociales, étaient associées à des niveaux inférieurs de solitude. En revanche, des comportements passifs ou mal adaptés, comme l’usage de substances ou le désengagement comportemental, étaient liés à une solitude accrue.
En conclusion, les interventions visant à réduire la solitude doivent cibler les schémas cognitifs négatifs et encourager des stratégies de coping actives. La thérapie cognitivo-comportementale, les programmes de pleine conscience, et les approches comportementales, telles que l’activation comportementale, s’imposent comme des outils efficaces. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour optimiser ces interventions et évaluer leur efficacité à long terme, en tenant compte de la diversité des populations. En investissant dans des approches fondées sur des preuves et accessibles, il est possible d’atténuer les effets dévastateurs de la solitude chronique sur la santé et le bien-être.