Note de synthèse
Y a-t-il un sentiment de communauté dans les camps?
March 5, 2024
Erin Dej, Kaitlin Humer, Kiffer Card
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
La crise de l’itinérance s’aggrave au Canada et dans le monde entier, reflétant des inégalités sociales et économiques croissantes. Chaque année, environ 235 000 personnes au Canada vivent l’itinérance, et les campements, ou « villes de tentes », sont devenus une manifestation visible de cette réalité. Ces campements, composés de structures temporaires, répondent souvent à l’absence de logements permanents accessibles et à la rareté des ressources. Bien qu’ils soient fréquemment perçus comme dangereux ou chaotiques, ces campements offrent une alternative importante pour les personnes exclues du système de logement traditionnel, en leur procurant un sens de la communauté, des liens sociaux et une forme de stabilité.
Les campements permettent aux résidents de reconstruire des liens sociaux souvent brisés par l’expérience de l’itinérance. L’isolement social et l’exclusion, exacerbés par les lois restrictives et les stéréotypes négatifs, rendent difficile pour les personnes sans logement de trouver un soutien émotionnel et communautaire. Les abris d’urgence, bien qu’essentiels, ont souvent des limitations : règles strictes, absence d’espaces sûrs pour les groupes marginalisés, et séparation des couples ou des propriétaires d’animaux de compagnie. En revanche, les campements offrent un espace où les résidents peuvent rester ensemble, partager des ressources, et créer des réseaux de soutien mutuel. Ce sentiment d’entraide, décrit comme une « famille de rue », renforce les liens et aide à répondre aux besoins immédiats des individus tout en favorisant un sens d’appartenance.
Les campements apportent également un sentiment de sécurité qui fait souvent défaut dans d’autres options de logement. Grâce à des initiatives communautaires comme la protection mutuelle ou la mise en place de protocoles de sécurité informels, les résidents peuvent se sentir plus en sécurité qu’en vivant seuls dans des espaces publics ou dans des abris collectifs. Les campements permettent également une certaine autonomie et intimité, en donnant aux résidents la possibilité d’organiser leur quotidien et de créer des liens à leur propre rythme. Ces facteurs contribuent non seulement à leur bien-être physique, mais aussi à leur santé mentale et émotionnelle.
Les populations autochtones, pour qui la notion de foyer inclut la terre, la communauté, et les relations spirituelles, trouvent également dans les campements un espace pour renouer avec leur culture et leur identité collective. L’expulsion de ces campements est perçue comme une continuation de la dépossession coloniale, soulignant l’importance de politiques qui respectent les droits et la souveraineté des peuples autochtones.
Bien que les campements ne remplacent pas des logements permanents et véritablement abordables, ils constituent une solution temporaire qui répond à des besoins sociaux essentiels pour ceux qui n’ont pas d’autre option. Les décideurs politiques et les fournisseurs de services peuvent tirer des leçons des dynamiques des campements, en intégrant des éléments comme l’entraide, la communauté, et l’autonomie dans les solutions de logement. Reconnaître les campements comme des espaces de connexion humaine, plutôt que de les criminaliser, est essentiel pour respecter les droits humains fondamentaux des populations sans logement.
En conclusion, il est impératif de mettre en œuvre des politiques et pratiques qui soutiennent l’inclusion des personnes sans logement, favorisent leur sentiment d’appartenance, et répondent à leurs besoins sociaux et humains essentiels, tout en œuvrant à des solutions de logement durable et équitable.