Note de synthèse

Quelle est la taille idéale d’une rencontre?

March 9, 2023
Kiffer Card, Cindy Yu, Jocelle Refol, Adam Frost, Pete Bombaci

Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.

Les interactions sociales en groupe jouent un rôle fondamental pour l'humain, permettant de développer des liens, d'échanger des idées, et de renforcer un sentiment d'appartenance. Comprendre la taille idéale des groupes d’interaction sociale peut aider à améliorer l’expérience des participants dans divers contextes, qu’il s’agisse de planifier des mariages, des projets d’équipe, ou des groupes de soutien. Ce résumé examine les recherches sur la taille optimale des groupes sociaux et les contraintes cognitives qui influencent ces dynamiques.

Des études montrent que les groupes d’interaction ont tendance à rester petits, souvent composés de deux à quatre personnes. Par exemple, des recherches historiques (James, 1951) et contemporaines (Dezecache & Dunbar, 2012) confirment que les groupes plus grands sont rares. Une étude majeure (Calsyn & Becker, 1976) a révélé que les groupes de quatre personnes ou plus sont instables, avec un risque accru qu’au moins un membre quitte la conversation, ce qui limite leur viabilité.

Ces limites semblent être liées à des contraintes cognitives humaines. Dunbar (1993) a suggéré que la capacité du cerveau à traiter l'information sociale limite à environ cinq le nombre de relations émotionnellement proches que l’on peut maintenir, une limite qui se reflète aussi dans la taille des groupes d’interaction. D'autres études indiquent que gérer des interactions dans de grands groupes devient cognitivement exigeant, en raison des compétences nécessaires, comme la prise de perspective et la gestion des tours de parole. Par ailleurs, les interactions dans de grands groupes tendent à être moins gratifiantes, car le temps de parole diminue pour chaque participant, favorisant des dynamiques où un seul individu domine la conversation (Fay & Carletta, 2000). Ainsi, des groupes plus petits facilitent des échanges plus intimes et satisfaisants.

Les données de l’Enquête canadienne sur les connexions sociales (2022) corroborent ces observations. Dans une analyse des rassemblements sociaux, la taille médiane des groupes était de cinq personnes, avec une satisfaction diminuant lorsque les groupes dépassaient cette taille. Les grands groupes étaient aussi associés à une moindre proximité émotionnelle entre participants, reflétant la présence accrue de relations moins intimes. De plus, les préférences des répondants indiquaient un intérêt marqué pour des interactions plus fréquentes et intimes, 63 % d’entre eux souhaitant des rencontres individuelles hebdomadaires, contre seulement 7,5 % préférant des événements plus grands à cette même fréquence.

Ces résultats soulignent l’importance de prêter attention à la taille des groupes lors de la planification d’interactions sociales. Les petits groupes permettent des échanges plus efficaces et émotionnellement enrichissants, mais dans les grands rassemblements, il peut être utile de créer des sous-groupes pour maximiser les interactions intimes. Certaines situations, comme les conférences, peuvent toutefois bénéficier de groupes plus larges centrés sur un seul orateur.

En conclusion, une meilleure prise en compte des comportements sociaux naturels, notamment en ce qui concerne la taille des groupes, pourrait améliorer les interactions sociales et renforcer les relations. Cela est particulièrement pertinent pour les organisations proposant des activités sociales ou des groupes de soutien. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les dynamiques de formation, de dissolution et de satisfaction dans différents contextes sociaux. Ces efforts pourraient aider à concevoir des interventions et des rassemblements plus efficaces et adaptés.