Note de synthèse
Les médicaments peuvent-ils être utilisés pour résoudre la solitude ?
February 13, 2024
Seema Goldsmith, Jocelle Refol, Adam Frost, Kiffer Card
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
Au Canada, environ 75 % des Canadiens consultent leur médecin de premier recours au moins une fois par an, offrant une occasion unique de répondre non seulement aux besoins médicaux, mais également aux besoins sociaux et psychologiques. Le « social prescribing » (prescription sociale) est une approche novatrice et holistique qui vise à orienter les patients vers des soutiens non cliniques et des services communautaires adaptés à leurs besoins sociaux. En agissant sur les déterminants sociaux de la santé, cette approche vise à promouvoir la santé mentale, à réduire l’isolement et la solitude, et à renforcer les liens communautaires.
La prescription sociale repose sur un processus en deux étapes : d’une part, une évaluation globale des besoins des patients pour identifier ceux qui pourraient bénéficier de cette approche, et d’autre part, l’orientation vers des « prescriptions sociales », telles que des ateliers, des activités artistiques, des programmes de bénévolat ou des groupes communautaires. Ces actions sont souvent facilitées par des travailleurs de liaison (link workers), qui collaborent avec les patients pour élaborer un plan d’action personnalisé. L’approche exige une coordination étroite entre les fournisseurs de soins de santé, les services sociaux et les organismes communautaires, soulignant l’importance des partenariats locaux.
Les bénéfices potentiels de la prescription sociale sont nombreux. Elle peut améliorer le bien-être mental, réduire la solitude, renforcer l’autonomie des patients et diminuer la pression sur les systèmes de santé en offrant des alternatives aux consultations médicales répétées. De plus, elle contribue à renforcer la résilience communautaire et à répondre aux déterminants sociaux de la santé, comme l’accès à des activités sociales ou à des soutiens pratiques.
Cependant, cette approche présente également des défis. La prescription sociale dépend fortement de la disponibilité de ressources communautaires locales, de la formation et du soutien des travailleurs de liaison, et de l’acceptation des patients et des professionnels de santé. De plus, bien que les résultats soient prometteurs, les preuves empiriques sur son efficacité à long terme restent limitées, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour renforcer son évaluation et son déploiement. Enfin, notre analyse montre que si de nombreux Canadiens souhaitent accéder à des soutiens sociaux, beaucoup expriment un manque de confiance dans leur capacité à accéder à ces ressources et perçoivent des obstacles, notamment le manque d’information ou des difficultés de mobilité.
En conclusion, la prescription sociale représente une opportunité innovante de répondre aux besoins sociaux et de promouvoir une santé globale, en intégrant les aspects biologiques, psychologiques et sociaux de la santé. Pour maximiser son impact, il est essentiel de développer des programmes adaptés aux besoins individuels, de renforcer les ressources communautaires, et de mener des recherches approfondies pour évaluer les meilleures pratiques. Cette approche pourrait transformer les systèmes de santé en mettant l'accent sur le bien-être holistique des individus et des communautés.