Note de synthèse
À quel point la solitude et l’isolement sont-ils répandus?
June 28, 2024
Kiffer Card
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
La solitude et l’isolement social sont de plus en plus reconnus comme des enjeux majeurs de santé publique, parfois qualifiés d’« épidémie ». Ces phénomènes sont associés à des effets négatifs importants sur la santé mentale et physique. Malgré cela, les investissements en santé publique dans des programmes sociaux et communautaires restent insuffisants, en partie parce que l’ampleur du problème est difficile à quantifier. Ce document vise à décrire la prévalence de la solitude et de l’isolement social, tout en explorant les divers facteurs qui influencent les estimations de cette prévalence. La solitude et l’isolement social étant des expériences subjectives variées, leur estimation exacte est complexe et influencée par des facteurs comme les variations géographiques et culturelles, les biais de déclaration et le choix des outils de mesure.
Les études existantes montrent une grande hétérogénéité dans les estimations de prévalence. Environ 5 % à 50 % des individus (soit ~35 % en moyenne) rapportent des niveaux modérés à sévères de solitude, tandis que 5 % à 35 % (soit ~20 % en moyenne) déclarent vivre un isolement social. Ces estimations varient selon les sous-populations étudiées, les groupes à risque élevé comprenant les aînés, les résidents en établissements de soins de longue durée et les personnes ayant des problèmes de santé mentale ou physique. Par exemple, certains échantillons cliniques rapportent des taux de solitude atteignant 60 % à 90 %, alors que dans les échantillons non cliniques, ces taux sont souvent plus faibles (5 % à 20 %). Les variations dans les prévalences s’expliquent également par les différences dans les outils de mesure, allant des échelles validées aux questions uniques, ainsi que par les définitions variées de la solitude (modérée vs. sévère, chronique vs. aiguë).
Les analyses menées au Canada, en utilisant deux bases de données (le Canadian Social Connection Survey et le Canadian Social Survey), montrent des variations importantes dans les estimations selon la méthode d’enquête et les échelles utilisées. Les résultats révèlent une croissance des taux de solitude dans certaines enquêtes, mais pas dans d’autres, mettant en lumière les défis liés aux méthodes de mesure. Par exemple, les mesures directes à une seule question expliquent une proportion limitée de la variance des scores obtenus à partir d’échelles plus complexes, telles que l’échelle de solitude DeJong. Les résultats montrent aussi que la solitude est souvent fluctuante et contextuelle, mais que les formes sévères et chroniques concernent une minorité plus stable d’individus.
Les données révèlent également des différences significatives dans les taux de solitude selon des caractéristiques démographiques, comme l’âge, le sexe, l’appartenance ethnique, le revenu du ménage et le statut relationnel. Les jeunes adultes, les hommes, les minorités ethniques, les personnes à faible revenu et celles vivant avec un handicap rapportent des taux plus élevés de solitude. De plus, bien que la solitude et l’isolement social soient souvent associés, ils ne se chevauchent pas parfaitement : par exemple, le nombre d’amis proches ou le temps passé à socialiser expliquent peu la variance des scores de solitude, ce qui reflète la complexité multidimensionnelle de ces expériences.
En conclusion, la solitude et l’isolement social sont des réalités répandues qui nécessitent une attention accrue et des investissements significatifs. Pour répondre efficacement à ces enjeux, il est essentiel d’intégrer des mesures standardisées dans les cadres de surveillance locaux, nationaux et internationaux. Cela permettra de mieux comprendre la portée du problème et d’évaluer l’efficacité des interventions visant à réduire ces conditions, qui ont un impact majeur sur la morbidité et la mortalité.