Note de synthèse
Comment la solitude affecte-t-elle la santé ?
February 9, 2023
Kiffer Card, Cindy Yu, Jocelle Refol, Adam Frost, Pete Bombaci
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
Depuis plus d’un siècle, les chercheurs documentent les effets néfastes de la solitude et de l’isolement social sur la santé humaine. Ces effets sont aujourd’hui bien établis : la solitude est associée à des risques accrus de maladies chroniques, de troubles mentaux et de mortalité prématurée. Les études montrent que l’impact de la solitude sur la santé est comparable à celui du tabagisme, de l’obésité ou de la sédentarité. Pourtant, l’importance des liens sociaux pour la santé reste largement sous-estimée, ce qui contribue à des coûts économiques et de santé publique croissants, alors que des approches communautaires préventives pourraient atténuer ces effets.
Quatre mécanismes principaux expliquent comment la solitude affecte la santé. Premièrement, la solitude coïncide souvent avec d’autres conditions ou caractéristiques susceptibles de prédire une mauvaise santé, comme les handicaps, les maladies mentales, le faible revenu ou les difficultés de mobilité. Deuxièmement, les personnes seules peuvent rencontrer plus de barrières pour accéder aux soins, notamment en l’absence de réseaux de soutien qui facilitent les rendez-vous médicaux ou l’observance des traitements. Troisièmement, les comportements liés à la santé diffèrent : les personnes seules tendent à adopter des habitudes moins saines, comme une mauvaise alimentation, une consommation accrue d’alcool ou de drogues, et une activité physique insuffisante. Ces comportements peuvent être exacerbés par une diminution des fonctions cognitives, comme la maîtrise de soi, ou par des stratégies d’adaptation face à la solitude. Enfin, la solitude perturbe les réponses biologiques au stress, entraînant une activation prolongée et dysrégulée des systèmes de stress, ce qui provoque des inflammations, des troubles cardiovasculaires et des déséquilibres métaboliques.
Les données du Canadian Social Connection Survey confirment ces liens. Les résultats montrent que des niveaux élevés de solitude sont associés à une santé physique autoévaluée plus faible, même après avoir contrôlé des facteurs tels que l’âge, le revenu, le statut relationnel ou les troubles anxieux et dépressifs. De plus, la solitude est corrélée à une consommation accrue de substances telles que l’alcool, le cannabis et d’autres drogues, ce qui soutient l’hypothèse selon laquelle certaines personnes se tournent vers ces substances pour gérer leur isolement. Cependant, aucune preuve solide n’a été trouvée pour suggérer que les personnes seules ont un accès significativement réduit aux soins médicaux.
Ces constats mettent en évidence la nécessité de politiques et de programmes pour réduire la solitude et l’isolement social, mais aussi pour limiter leurs effets délétères sur la santé physique et mentale. Ces interventions doivent s’appuyer sur une recherche approfondie et des approches interdisciplinaires pour maximiser leur efficacité. La mise en œuvre d’initiatives communautaires, l’amélioration des infrastructures sociales et la sensibilisation à l’importance des connexions sociales sont des étapes essentielles pour contrer cette crise croissante de santé publique.