Note de synthèse

Comment l’individualisme influence-t-il la santé sociale?

December 27, 2023
Riana Sihota, Jocelle Refol, Adam Frost, Kiffer Card

Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.

Le rôle de la culture dans la santé sociale des individus et des sociétés suscite un intérêt croissant, particulièrement à travers les concepts d'individualisme et de collectivisme. Ces orientations culturelles, bien que souvent opposées dans les discours populaires, présentent des impacts variés et complexes sur les motivations et la capacité des individus à établir des connexions sociales. Cette analyse vise à explorer ces deux dimensions culturelles, leurs avantages et inconvénients, ainsi que leur influence sur nos interactions sociales.

L'individualisme met en avant l'autonomie personnelle, l'expression de soi et la réussite individuelle, valorisant ainsi la liberté de choix et l'indépendance. À l'inverse, le collectivisme privilégie les besoins et objectifs du groupe, renforçant la cohésion sociale, le soutien mutuel et le sentiment d'appartenance. Cependant, les deux orientations comportent des limites : l'individualisme peut accroître les risques d'isolement et de division sociale, tandis que le collectivisme peut parfois exiger une conformité excessive ou limiter l'expression individuelle. De plus, ces concepts ne s'excluent pas mutuellement, car de nombreux individus adoptent des aspects des deux orientations dans leur vie quotidienne.

Des recherches montrent des variations géographiques et temporelles significatives dans l'expression de l'individualisme et du collectivisme. Par exemple, les sociétés asiatiques et africaines sont souvent associées au collectivisme, tandis que les pays anglo-saxons tendent vers l'individualisme. Ces tendances sont toutefois nuancées par des variations internes importantes au sein de chaque région et culture. Par ailleurs, des études révèlent une augmentation de l'individualisme au fil du temps dans certains contextes, souvent liée à des facteurs économiques comme la modernisation et la mobilité ascendante.

L'analyse des données de l'Enquête canadienne sur la connexion sociale de 2021 a exploré la relation entre l'orientation culturelle et la solitude émotionnelle et sociale. Les résultats montrent que le collectivisme horizontal (favorisant l'harmonie et la coopération au sein du groupe) et l'individualisme horizontal (valorisant l'autonomie sans compétition) sont associés à une réduction de la solitude. En revanche, le collectivisme vertical (loyauté envers le groupe et respect de l'autorité) présente des effets variables, tandis que l'individualisme vertical (compétition et quête de réussite personnelle) n'a pas d'association significative avec la solitude. De manière notable, l'effet protecteur du collectivisme est amplifié chez les individus ayant un cercle social solide, mais il peut exacerber la solitude chez ceux sans amis proches.

Ces résultats suggèrent que ni l'individualisme ni le collectivisme ne doivent être considérés comme intrinsèquement supérieurs. Le collectivisme peut favoriser un fort soutien social, tandis que l'individualisme aide à répondre aux besoins personnels et peut protéger contre les effets de la solitude en cas d'isolement. Les interventions visant à promouvoir le bien-être social devraient s'appuyer sur une compréhension nuancée de ces orientations culturelles, en adoptant une approche sensible et inclusive qui répond aux besoins divers des communautés.

En conclusion, il est crucial d’élaborer des stratégies sociales adaptées qui favorisent à la fois l’autonomie et la communauté, tout en respectant les particularités culturelles. Ces efforts devraient intégrer une consultation communautaire et une sensibilité culturelle pour mieux répondre aux défis de la santé sociale dans des contextes culturellement diversifiés.