Note de synthèse
Les gens ayant des affinités devraient-ils se regrouper?
December 14, 2023
Bita Gholamian, Jocelle Refol, Adam Frost, Kiffer Card
Note : Le résumé ci-dessous est basé sur un article original publié en anglais.
Les relations sociales se forment souvent autour de points communs, une tendance connue sous le terme de « homophilie », qui décrit l'inclination des individus à nouer des liens avec ceux qui leur ressemblent selon divers critères (ex. : âge, genre, orientation religieuse ou politique). À l’inverse, la diversité sociale, définie par des différences au sein des réseaux sociaux, peut également jouer un rôle clé dans les interactions humaines. Ce rapport examine comment la composition des réseaux sociaux en termes de similarité ou de diversité influence le bien-être individuel et collectif.
Les études montrent que les réseaux sociaux ont tendance à une forte homophilie, particulièrement dans les relations étroites. Cette propension favorise un sentiment d’appartenance, renforce l’estime de soi, et simplifie la formation de liens d’amitié grâce à des valeurs et expériences partagées. De plus, l’homophilie peut offrir des refuges protecteurs à certains groupes marginalisés, comme les communautés 2SLGBTQ+, qui y trouvent soutien et résilience face à la discrimination. Cependant, un excès d’homophilie peut également engendrer des effets négatifs, tels que l’exclusion sociale, la reproduction des inégalités et le renforcement de comportements ou de croyances nuisibles.
La diversité sociale, bien qu'elle puisse parfois être perçue comme un défi, offre d'importants avantages. Elle encourage l'empathie, réduit les préjugés, et améliore la coopération entre les groupes sociaux. En milieu diversifié, des interactions fréquentes avec des personnes issues d’autres origines ou expériences peuvent renforcer les liens communautaires, promouvoir l’inclusion et améliorer la santé mentale et physique. Cependant, les effets de la diversité peuvent varier selon les contextes et les groupes. Par exemple, dans les quartiers ethniquement diversifiés, des études montrent que les personnes issues de groupes majoritaires (ex. : les populations blanches) expriment parfois une diminution de la confiance sociale, un effet moins prononcé chez les minorités ethniques, qui tendent à s'adapter plus facilement à ces environnements.
Les données de l’Enquête canadienne sur les liens sociaux de 2022 confirment ces dynamiques. Les participants montraient une forte homophilie selon des caractéristiques simples comme l’orientation sexuelle et le genre, mais cette tendance variait selon les groupes. Par exemple, l’homophilie d’orientation sexuelle était plus élevée chez les participants hétérosexuels et plus faible chez les minorités sexuelles. De plus, pour les personnes 2SLGBTQ+, une homophilie plus forte était associée à une meilleure santé mentale, ce qui souligne les bénéfices possibles des relations intragroupes pour les communautés marginalisées. En revanche, une forte homophilie politique était corrélée à une moins bonne santé mentale, suggérant que les similitudes excessives dans certaines dimensions pourraient avoir des effets négatifs.
En conclusion, l’homophilie et la diversité jouent toutes deux des rôles importants dans la structure de nos vies sociales, avec des impacts variés sur le bien-être. Les communautés devraient chercher à encourager un équilibre, en favorisant des interactions entre groupes tout en protégeant les espaces sécuritaires nécessaires pour les groupes marginalisés. Des efforts de recherche supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces tendances et pour identifier des stratégies visant à promouvoir des réseaux sociaux inclusifs et bénéfiques.